Comme un rayon de soleil en un jour de grisaille

 

Ou l’effet extraordinaire de

quelques paroles de sympathie

 

« Je traversais une période de ma vie particulièrement tumultueuse où j’écoutais beaucoup de « heavy metal ». Cette musique semblait exprimer la colère, la frustration et le désarroi que je ressentais au-dedans de moi. Un jour, je suis allée au restaurant, pour être seule, pour me complaire dans ma solitude et mon désespoir.

J’étais découragée et sous le coup d’une dépression. Je m’étais demandé si ma vie, mon avenir, ou le monde, avait un sens, et j’étais parvenue à la conclusion que tout cela ne rimait à rien. J’étais prise dans un horrible tourbillon de pensées noires et de réflexions négatives qui menaçaient de m’entraîner dans leur mouvement infernal. Je me demandais ce qui arriverait si je m’y abandonnais, si je cédais à leur attraction maléfique, si je les laissais m’emmener. Je caressais l’idée d’en finir avec la vie.

Je me demandais si Dieu — en supposant qu’Il existe — s’intéressait suffisamment à moi pour s’y opposer. Que penserait-Il de mon geste désespéré ? Tout ce que je savais, c’est que je serais libérée de la douleur qui ne cessait de me tourmenter, dans mon cœur comme dans mon esprit.

Quand la serveuse s’approcha de moi, je commandai un café, tout en gribouillant machinalement sur la couverture de l’un des mes cahiers de cours. J’y avais dessiné une sorte de mosaïque : des figures, des symboles, des objets divers, des visages mélancoliques et solitaires, ou d’autres défigurés par la peur. Ces sketches venaient de l’intérieur, inspirés qu’ils étaient par mes sentiments. À moins qu’ils n’aient été le produit de la musique que j’écoutais. Mais, au beau milieu de cette confusion artistique, j’avais aussi dessiné une petite fleur, qu’on remarquait à peine au milieu de tout le reste.

Sun_Through_Dark_Storm_Clouds_Large.jpgLa serveuse revint avec mon café et le déposa en face de moi avec un grand sourire. On aurait dit que son sourire perçait le brouillard de la dépression qui m’avait engloutie, et qu’il venait me réchauffer, me prendre dans ses bras. C’était comme un petit rayon de soleil entre les nuages, un jour de grisaille. Mais je m’étais tellement habituée à cacher mes sentiments que ma première réaction fut de baisser les yeux vers mon cahier. J’étais embarrassée, un peu surprise, que quelqu’un fasse attention à moi. C’est alors que la serveuse jeta un coup d’œil à mes griffonnages et fit remarquer :

      Ah je vois, vous êtes une artiste.

 

Profitant des quelques instants qu’il me fallait pour avaler une gorgée de café, elle parcourut des yeux ce que j’avais dessiné. Pointant du doigt la petite fleur, elle s’exclama :

—Oh, là c’est vous ! Une petite créature aussi jolie ne peut pas se cacher, même si elle est perdue au milieu de tout le reste !

Je levai les yeux  vers elle : elle me sourit à nouveau. Puis elle courut servir une autre table.

Comment avait-elle pu remarquer si vite cette fleur minuscule ? Moi, j’avais l’impression qu’elle était noyée dans la masse confuse de tous les autres gribouillis.

 

Je regardai la petite fleur : Était-ce vraiment moi ?

 

Je finis mon café et rassemblai mes affaires pour partir. Au moment où je plongeai la main dans le fond de mon sac à la recherche de quelques pièces pour payer ma note, la serveuse revint et déposa une rose sur la table, juste en face de moi. Je n’en revenais pas ! Mais avant même que j’aie pu réagir, elle me dit sur un ton amusé :

—N’oubliez pas, vous êtes cette rose pour quelqu’un.

Puis elle me prit la main et ajouta :

—Le café, c’est moi qui l’offre.

Et elle s’en alla s’occuper d’une autre table.

 

En sortant dans la rue, j’eus l’impression que le ciel n’était plus aussi gris, plus aussi déprimant. L’air était frais, revigorant. Que m’était-il arrivé ? Une inconnue, qui ne savait rien de moi ni de mes pensées, avait, avec de l’affection, de la tendresse et de l’espoir, percé ma bulle de ténèbres. Était-ce Dieu ? Existait-Il après tout ? Et était-Il concerné par moi ? En tout cas, je me sentais différente, et le poids que j’avais sur le cœur s’était envolé.

Peut-être bien que c’était Dieu après tout. Peut-être bien qu’Il m’aimait et qu’Il m’avait créée pour une raison. Je n’en étais pas encore sûre, mais ce jour-là j’ai décidé d’en avoir le cœur net. Cette expérience marqua un tournant dans ma vie : elle planta en moi une minuscule graine d’espoir qui, depuis, n’a cessé de grandir. J’ai fini par découvrir Jésus et Son amour, Son réconfort, et l’espérance qu’Il apporte. L’encouragement que m’avait prodigué cette serveuse fut pour moi le point de départ d’un cheminement qui m’a conduite à Jésus et à Son amour éternel. »

(Témoignage de Marcie Dixon)

 

***

Tant de gens autour de nous ont l’impression de ne compter pour personne, d’être submergés par les difficultés de la vie, un peu comme cette fleur minuscule perdue au milieu de tout le reste. Quand les ténèbres sont profondes, une toute petite lumière peut faire des miracles ! Une simple parole peut être une bouée de sauvetage pour quelqu’un, et lui redonner de l’espoir pour toute une vie. 


 


Traduction de l’original anglais « Piercing the Bubble » par Berniris.

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